La conception de Dojo est l’un des éléments indissociables de la pratique du Kendo. Il n’est pas exagéré de dire que le Kendo que nous pratiquons aujourd’hui s’est développé avec la notion de Dojo. Le Dojo est un espace défini à la fois physique et mental, destiné à l’entraînement.

Comme les êtres humains se laissent facilement affecter par l’environnement, il n’est pas difficile de comprendre que l’état d’esprit et la conscience des pratiquants ne sont pas les
mêmes lorsqu’ils sont dans un Dojo propre et bien aménagé ou dans un gymnase sale. Leur état d’esprit, leur conscience, leur comportement, leur désir de progresser, leur courage à l’effort tout cela est d’abord soumis aux influences suscitées par les éléments matériels qui les entourent, à moins que ceux-ci n’en soient déjà au stade où cela les laisse indifférents :
En France, même si l’on accepte cette notion de Dojo, il est vrai qu’il n’est pas toujours facile de trouver une salle adéquate et bien aménagée qui convient à cet esprit , car c’est très souvent à
une sorte de salle de sport que nous avons à faire (aujourd’hui, c’est la même situation au Japon…).
Nous avons le respect du matériel; du Shinai qui représente le sabre, de l’armure qui nous protège, le respect envers les camarades grâce auxquels nous pouvons pratiquer le Kendo et
enfin, le respect pour le Dojo qui nous offre un lieu d’entraînement.

Nous savons au moins qu’on le salue à l’entrée et à la sortie. (Et c’est moins facile quand il s’agit d’un gymnase sale !) Mais cela ne suffit pas, car le Dojo représente un grand nombre d’éléments
culturels et il faut connaître les règles à respecter et le comportement adéquat si l’on veut ou si l’on prétend pratiquer le Kendo autrement qu’en activité purement sportive.
Le Kendo étant une discipline basée sur la relation maître-disciple ou Senpai-Kohai, l’ordre hiérarchique existe clairement et c’est un témoignage du respect et de la reconnaissance des
pratiquants à l’égard de ceux qui leur donnent l’enseignement et les font profiter de leur expérience.
Cette pensée est constamment mise en application dans le Dojo, particulièrement avec la notion du Shomen (face) (appelé aussi Kamiza ou Joseki qui signifie « place supérieure ») qui la
caractérise.

Le Shomen ou le Kamiza désigne le « côté supérieur » de la salle où doivent se placer les professeurs.
A l’origine, le Dojo qui avait un sens religieux était certainement bâti en tenant compte des points cardinaux et l’emplacement de la face était marqué par un autel.
Mais, comme il existe divers styles et diverses salles aujourd’hui, ce n’est plus toujours le cas et, si nous visitons un Dojo, il faut au moins repérer tout de suite où est le côté face. Sinon, on
risque , sans le vouloir, d’être impoli à l’égard des gens du Dojo ou des professeurs.
En règle générale, le Shomen se situe au côté le plus éloigné de la porte. C’est là que les professeurs se placent dans l’ordre hiérarchique, de droite à gauche ou en sens inverse, ou encore le professeur principal se met au centre, suivant la disposition de la salle. Et du côté opposé, les élèves s’alignent de droite à gauche ou en sens inverse. Le côté Shomen doit être bien dégagé et les élèves doivent éviter d’y passer sans raison valable.

Si l’on demande un combat à quelqu’un, le plus gradé ou le Senpai se met du côté Shomen. Si vous avez à faire à un inconnu, il serait souhaitable (ou prudent …) de lui proposer le côté Shomen.
Ce serait une attention délicate de votre part, car une certaine modestie est un élément important et toujours apprécié dans le monde du Kendo.
Si du Dojo propre et bien aménagé se dégage une certaine beauté, les pratiquants doivent en être dignes à leur tour. S’asseoir n’importe comment les jambes allongées ou s’appuyer contre le
mur pendant une attente.. tout cela n’est pas compatible avec la beauté du Dojo destiné à l’entraînement du corps et de l’esprit.
Même si l’entraînement est dur physiquement, combien d’heures dure-t-il? Ne pourrait-on pas résister? L’endurance et la patience, c’est également ce que nous cherchons à développer à
travers la pratique du Kendo.

Je constate aujourd’hui qu’il y a souvent des pratiquants qui enlèvent leur casque sans raison valable ou sans permission du professeur ou du responsable, ou qui entrent et sortent du Dojo
pendant l’entraînement. Cela n’existait pas en France, il y a 20 ans .
S’il ne s’agit pas d’un entraînement ouvert, spécialement organisé, qui admet l’accès des pratiquants à tout moment, les élèves doivent accepter l’ensemble des obligations du Dojo. S’ils
se comportent à leur gré, en faisant uniquement ce qu’il leur plaît, le Kendo ainsi pratiqué n’est plus une discipline.

En relation avec le comportement dans le Dojo, je dois démystifier certaines choses à propos du salut de fin d’entraînement, car je pense qu’il y a beaucoup de pratiquants qui font des
confusions. Quand on salue mutuellement (Otagai ni rei), la manière de faire la plus courante au Japon, c’est de répéter le même salut que pour les professeurs (Sensei ni rei) dans la même position assise , aussitôt après celui-ci. Il remplace tous les saluts que les élèves pourraient se faire individuellement entre eux ( et aussi aux professeurs)

Extraits d’un texte publié en janvier 1996 dans « l’écho des dojo » par Kenichi YOSHIMURA